par fylou Ven 19 Mar - 18:23
Jérémy Toulalan : « On sera favori à Marseille »
le 19.03.2010 04h00
A l'avant-veille du choc contre l'OM, le milieu de terrain international
de l'Olympique Lyonnais se livre. Comme jamais sur son club et l'équipe
de France
A la sortie d'un entraînement à huis clos, Jérémy Toulalan s'est
longuement confié à notre journal évoquant maints sujets et affichant
sincérité et générosité. Comme sur le terrain.
Le match contre l'OM est-il décisif à la fois pour le titre et pour une
place en Ligue des Champions ?
Il y a les deux. Tous les matches sont importants, mais il ne faut pas
oublier que la saison dernière, on leur enleva le titre. Si on gagne à
nouveau, on se rapprochera du titre. En cas de défaite, l'OM sera
champion. Il dispose de tout un groupe et un garçon comme Ben Arfa peut
être décisif à n'importe quel moment.
>>Quel est le favori dimanche ?
C'est nous. On est de mieux en mieux au niveau du jeu et partant du
principe que l'on a disposé d'une semaine entière, on va faire un match
entier.
L'OL peut-il être champion ?
Oui. Et ce serait le plus beau titre que j'aurais conquis après tout ce
qu'on a pris sur la tête.
>>Vous risquez à nouveau de vous retrouver en défense centrale
comme ce fut le cas récemment encore à Madrid. Que vous inspire ce poste
?
C'est la grande question. Le coach m'en a parlé. Je n'ai jamais dit que
je ne voulais pas jouer arrière. A partir du moment où je suis sur le
terrain, je suis content. Ce qui est emmerdant, c'est qu'on me dise à 27
ans en ayant tout le temps joué au milieu que je suis meilleur
derrière. Mais, le foot est fragile. En première mi-temps, je ne me suis
pas trouvé si mauvais que ça, mais au bout d'une demi-heure, j'étais
carbo. En seconde période, j'aurais pu jouer deux heures.
>>Comment avez-vous accueilli les déclarations de Sidney Govou ?
Je lis rarement les journaux, mais là, j'étais un peu obligé. Il y avait
un peu le feu au club. Je ne suis pas persuadé que c'était le meilleur
moment. Mais, y en a-t-il un? C'est trop facile de dire les choses quand
on est parti. Il sait que c'est grave et que c'est embêtant. Mais, il
est courageux et a toujours assumé. Sidney ne triche pas et je suis
assez fan de lui. Le président a fait des trucs qui l'ont marqué. Quand
on le connait, on sait qu'il n'est pas le dernier à avoir fait des
conneries. Et le club a couvert celles des autres.
>>Que s'est-il passé la veille du derby aller contre Saint-Etienne
?
Le coach s'est adressé à Sidney et lui a dit: « Je t'enlève le brassard.
Tu sais pourquoi. » Mais nous, on ne le savait pas. J'adore Sidney. Il
est peut-être le plus honnête de nous ici et son interview ne va pas
changer grand chose pour le groupe. Elle a dû davantage marquer le
coach, le président, et Bernard (Lacombe). Des deux côtés, il y a des
torts. La phrase de Jean-Michel Aulas « on va le soigner », je ne
l'aurais pas accepté. Mais, je pense qu'à ce moment-là, les dirigeants
savaient qu'ils ne le prolongeraient pas. Sidney a des travers, mais le
club lui a mis des bâtons dans les roues et ne l'a pas protégé. Il
arrivait à Sidney d'arranger des coups entre les joueurs et le coach et
c'est dommage que cela se finisse comme ça
>>A travers des matches comme celui de Boulogne, on a l'impression
que la Ligue des champions est une priorité par rapport à un nouveau
titre. Partagez-vous ce sentimen t?
On va essayer d'aller le plus loin possible dans cette compétition, mais
le plus important, c'est de terminer dans les trois premiers.
>>Quel adversaire voulez-vous éviter en quarts de finale ?
Le Barça! Il est impossible à jouer. Même en jouant tous derrière, on
n'y arriverait pas car ils vous obligent à sortir et trouvent les
décalages. A l'inverse, Manchester United, ça ne me dérangerait pas. Je
n'ai pas oublié notre huitième de finale de 2008. A l'aller, on prend un
but casquette et au retour, on frappe sur le poteau.
>>Où en est le jeu lyonnais ?
On est capable du meilleur comme du pire et le plus dur est de rester à
un certain niveau. Depuis quelque temps, c'est mieux et on parvient à
faire un peu plus qu'une bonne mi-temps.
Comment définiriez-vous l'ambiance au sein du groupe?
C'est peut-être la meilleure qu'on ait eue depuis plusieurs années. Il
n'y a pas de «merdier» et le coach y a veillé. Je suis arrivé avec Kim
(Källström) et Toto (Squillaci), des gens assez tranquilles. Après, les
dirigeants ont davantage regardé la performance, mais ils sont revenus
aux critères anciens et c'est bien.
Quelles sont vos relations avec Claude Puel ?
Elles sont bonnes. Je discute avec lui et c'est dommage qu'il se fasse
critiquer. Il a dû traverser des moments très durs avant la trève et la
seule chose qu'on ne puisse pas lui reprocher, c'est de ne pas bosser.
Les egos sont bien plus forts et on ne dirige pas l'OL comme on dirige
Lille. Ce n'est pas un entraîneur défensif et si on ne l'a pas à Madrid,
on ne passe pas. Les joueurs ont le vrai pouvoir. Ils font et défont et
le coach doit apporter un plus. La force de Houllier, c'est sa
pyschologie. Même lorsqu'on avait 15 points d'avance, il arrivait à nous
remobiliser. Perrin ? On va dire qu'on était
assez autonome. On a fait le doublé et on se dit: pourquoi ? Il n'y a
pas de vérité.
Depuis votre arrivée à l'OL, avez-vous franchi des paliers ?
Oui. L'OL ne m'a apporté que du bien. Je suis entré en équipe de France,
j'ai découvert la Ligue des Champions, et appris la culture de la
gagne. En 2006, je me suis retrouvé avec des finalistes de la coupe du
monde et au lendemain de notre déplacement à Kiev, on a fait à
l'entraînement un jeu à la qualité extraordinaire. Et puis, j'ai coupé
le cordon avec ma famille. C'était le bon moment.
Serez-vous encore Lyonnais la saison prochaine ?
Le fait de terminer dans les trois premiers aura son importance. Mais à
l'heure actuelle, je n'ai aucune offre. Je suis partagé. Ma famille est
vraiment bien ici. J'aime bien les challenges. Quand je suis parti de
Nantes, Rudi Roussillon m'avait dit: on peut te reprendre dans six mois,
si tu veux. Je ne serais pas revenu. Le confort, je n'aime pas trop ça.
Quelle serait votre éventuelle destination ?
L'étranger. Je me dis que ce sera la seule fois de ma vie où je pourrai
travailler hors de France. Mais, c'est aussi quelque chose qui fait
peur.
Où en êtes-vous avec les décideurs lyonnais ?
J'ai eu une discussion avec le coach et le président. Mais, ce n'est pas
le moment maintenant. Ce qui me dérange, c'est que si cela se fait,
cela se fera après la coupe du monde. C'est quelque chose de bâtard. Car
je risque de commencer la préparation ici et de la finir ailleurs. Si
je reste, ce sera sur de la longue durée car j'ai déjà fait deux
prolongations de contrat. Le club en a-t-il envie? Je n'en suis pas sûr
et ce c'est pour cela que je ne serai jamais dirigeant. J'ai aussi une
valeur marchande et je n'irai jamais contre le club. Mais, si je vois
qu'il me prend trop pour un pigeon, je saurai faire certaines choses. Je
suis en pleine réflexion et c'est le club qui fera pencher la balance.
Quelle est l'ambiance au sein de l'équipe de France?
Franchement, ça va. Il y a forcément des clans, mais c'est un groupe de
foot classique. C'est sûr qu'on n'est pas bon. On ne fait pas rêver,
mais de tout temps, l'équipe de France a eu du mal dans les tournois de
qualification. Mais, rien n'a été avec nous et France 98 nous fait
chier.
Le message de Raymond Domenech passe-t-il toujours ?
Oui, et il ne mérite pas ça. J'apprécie l'homme et j'aime bien
l'entraîneur et tout ce climat doit commencer à le gonfler.
Comment jugez-vous la communication de la FFF ?
Castatrophique. Elle va là où souffle le vent et ne fait rien pour nous
aider. Il n'y a eu ainsi rien de pire que le choix de l'Espagne pour
nous mettre en confiance. Je me suis jamais senti aussi humilié et aussi
impuissant que face à l'Espagne et contre le Barça au Nou Camp la
saison dernière. L'Espagne est la meilleure équipe actuelle. Elle est
plus forte que le Brésil car elle joue très simplement.
Quelles chances vous accordez-vous en Afrique du Sud ?
On veut aller le plus loin possible. Mais,
j'espère au moins qu'on atteindra les quarts de finale. Pas grand monde
n'a confiance en nous, mais on
commence en avoir l'habitude et connaissant le coach, il fera tout pour
gagner.
Entretien réalisé
par Christian Lanier
et Antoine Osan
Dernière édition par fylou le Sam 20 Mar - 23:03, édité 1 fois